Drogues : une chaîne meurtrière de responsabilités

  • Dossiers de presse
  • Publié le 06/02/2025
image décorative portant la mention de texte : chaque jour, des personnes payent le prix de la drogue que vous achetez

Hausse du nombre de consommateurs et développement du narcotrafic : le marché des stupéfiants concerne tous les pays du monde, y compris la France. Du trafiquant au consommateur, il constitue une chaîne meurtrière où les victimes se comptent par centaines. Du 9 février au 2 mars 2025, le ministère de l’Intérieur lance une vaste campagne de sensibilisation sur le sujet : « Chaque jour, des personnes payent le prix de la drogue que vous achetez. »

Une offre en hausse, plus de consommateurs

En 2023, selon le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure, 299 000 personnes ont été mis en cause par la Police nationale et la Gendarmerie nationale pour au moins une infraction à la législation sur les stupéfiants. 84% d’entre elles sont principalement concernées par l’infraction d’usage de stupéfiants, 33% par l’infraction de trafic.

En 2024, les infractions liées aux stupéfiants ont nettement progressé, que ce soit pour l’usage (+10 %) ou le trafic (+6 %).

Cannabis, cocaïne, héroïne, nouveaux produits de synthèse… la liste n’est pas exhaustive. Les consommateurs appartiennent à toutes les classes d’âge. De nouveaux moyens relatifs aux trafics de stupéfiants ont émergé :

  • les livraisons à domicile,
  • les Ubershits,
  • la logistique avancée,
  • les promotions et publicités,
  • l’utilisation des réseaux sociaux qui facilitent la mise en relation des consommateurs et des trafiquants.

Une étude récente de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) révèle que « la demande de cocaïne n’a jamais été aussi forte » et « [qu’] 1,1 million de personnes en ont consommé au moins une fois dans l'année en 2023 en France. » Toujours en 2023, la consommation de cannabis a continué d’augmenter et comptait 5 millions d’usagers. Elle concernait plus de la moitié de la population française âgée de 18 à 64 ans mais aussi les plus jeunes générations. En 2022, plus de 30 % des adolescents âgés de 17 ans en avaient déjà consommé. En France, 21 millions de personnes en ont consommé au moins une fois dans leur vie. La drogue s’invite aussi dans les cours d’école notamment sous la forme du protoxyde d’azote. 

« Chaque jour, des personnes payent le prix de la drogue que vous achetez. »

Du trafiquant au consommateur, le narcotrafic tue. Overdoses, règlements de comptes, fusillades, enlèvements avec séquestration… Le trafic de stupéfiants draine dans son sillage des victimes toujours plus nombreuses et plus jeunes. Par exemple, les réseaux mafieux engagent aujourd’hui de plus en plus de mineurs parce qu’ils encourent des peines légères souvent sous forme de sanctions éducatives. En 2023, 19% des mis en cause pour trafic de stupéfiants étaient mineurs. Âgés seulement de 12 ou 13 ans, ces adolescents prennent des risques pour leur sécurité. C’est le cas également des « mules », le plus souvent des femmes, qui ingèrent de la drogue – des ovules de cocaïne par exemple - pour la transporter d’un point à un autre.

Il n’existe pas de narcotrafic sans victimes.

Face à la menace, la riposte

Face à la menace, il est primordial d’agir de manière ferme et déterminée sur la consommation de drogue en responsabilisant les consommateurs, notamment via le développement et le recours plus intensif aux amendes forfaitaires délictuelles (AFD). Toujours selon le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure, en 2023, 62% des mis en cause pour usage de stupéfiants ont fait l’objet d’une amende forfaitaire délictuelle. 

La Police nationale, la Gendarmerie nationale, les douanes, la Marine nationale sont fortement mobilisées. C’est l’Office antistupéfiants (Ofast - direction nationale de la Police judiciaire) qui coordonne le travail de ces différentes entités. Sans relâche, les enquêteurs concilient technique, terrain et renseignement. Sur la base de renseignements, ils construisent les dossiers pour identifier les personnes et les moyens, mettre au jour le trafic, interpeller en flagrant délit.
À titre d’exemple, les autorités françaises ont saisi 23,5 tonnes de cocaïne en 2023, contre 4,1 tonnes en 2010. 

L'Office antistupéfiants (OFAST)

Lancé officiellement le 1er janvier 2020, l’Office antistupéfiants (OFAST) répond à la volonté de mieux organiser et structurer la lutte contre le trafic de stupéfiants en augmentant les moyens qui y sont dédiés et en renforçant la coopération entre tous les services chargés de lutte contre l’économie illégale. Il a donc une vocation interministérielle renforcée.
Sur le modèle de ce qui a été mis en place en matière de terrorisme, avec la direction générale de la Sécurité intérieure, l’OFAST a été désigné chef de file de la lutte contre les trafics de stupéfiants.

L’OFAST compte 15 antennes implantées sur le ressort des directions zonales ou régionales de police judiciaire ou sur le ressort de sections de recherches de la Gendarmerie nationale et compte 9 détachements.
Il s’appuie notamment sur les 104 Cellules de renseignement opérationnel sur les stupéfiants (CROSS), implantées dans chaque département, qui sont chargées d‘enrichir et de faire circuler le renseignement opérationnel en matière de stupéfiants.

Renforcer l’arsenal législatif

Il est nécessaire de renforcer l'arsenal législatif et humain et de lutter plus efficacement contre le trafic de stupéfiants selon une stratégie globale qui se décline sur les axes suivants : 

  • une nouvelle organisation administrative et une spécialisation de la chaîne judiciaire ;
  • un renforcement des moyens de l’Office antistupéfiants (OFAST) ;
  • de nouveaux moyens d’enquête ;
  • le développement et l’amélioration des techniques spéciales du renseignement ;
  • le renforcement de la possibilité de saisie des biens des trafiquants, de fermeture des commerces qui réalisent du blanchiment d’argent, de soumettre l’obligation aux loueurs de voiture de vérifier l’origine des fonds et la création d’une procédure administrative d’urgence de gels des avoirs afin d’agir directement sur le patrimoine des trafiquants.

Le projet de loi visant à sortir la France du piège du narcotrafic a été déposé. Le Gouvernement a engagé la procédure accélérée sur ce texte le 14 novembre 2024.

Sensibiliser les consommateurs

Pour alerter les consommateurs sur les dangers du narcotrafic, le ministère de l’Intérieur lance une vaste campagne de sensibilisation du 9 février au 2 mars 2025. Cette initiative met l'accent sur l'impact direct de la consommation de drogues et sur le financement des activités des narcotrafiquants. Elle se veut un appel à la prise de conscience collective. En responsabilisant chaque citoyen, elle entend briser les chaînes du marché illégal et contribuer à la réduction de l'offre et de la demande. Par des messages percutants et des actions de prévention ciblées, elle invite chacun à réfléchir aux conséquences de ses choix.

Le slogan percutant de la campagne a fait l’objet d’un sondage auprès du grand public. Enfin, Le financement de cette campagne de sensibilisation est inédit puisqu’il repose sur les sommes confisquées aux trafiquants par les tribunaux et versées sur le compte du fonds de concours « drogues » géré par la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA).

Saisies de produits stupéfiants : quelques chiffres (source OFAST)

Cocaïne : + 130%

  • 2023 : 23,2 tonnes saisies
  • 2024 : 53,5 tonnes saisies

Drogues de synthèse : + 133%

  • 2023 : 265 kg saisis
  • 2024 : 618 kg saisis

Ecstasy / MDMA : + 123%

  • 2023 : 4 072 704 comprimés saisis
  • 2024 : 9 090 510 comprimés saisis

L'usage de ces drogues a bondi. Entre 2019 et 2023, le nombre de personnes en ayant consommé au moins une fois dans l'année est passé de 400.000 à 750.000.

Héroïne : - 7%

  • 2023 : 1,1 tonne saisie
  • 2024 : 1 tonne saisie

Cannabis : - 19%

  • 2023 : 124,7 tonnes saisies
  • 2024 : 101 tonnes saisies

Retrouvez le dossier de presse de la campagne

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