Histoires de l’Intérieur : édition spéciale Outre-mer

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  • Publié le 25/02/2025
Photo d'une salle de conférence accueillant la conférence des Histoires de l'Intérieur, volet dédié aux outre-mer
Ministère de l'Intérieur / DICOM / F. Balsamo

Focale sur l’Outre-mer pour la 5e session des Histoires de l’Intérieur. Le 14 février 2025, la Mission cinéma a accueilli une soixantaine de professionnels du cinéma désireux de mieux comprendre la spécificité des missions des agents engagés en Outre-mer ; des missions étroitement liées aux problématiques des territoires ultra-marins : événements climatiques, narcotrafic, orpaillage illégal…

Accueillie au ministère des Outre-mer, la matinée a été ouverte par Olivier Jacob, préfet et directeur général des Outre-mer.

« Les Outre-mer, c’est un peu moins de 3 millions de compatriotes dans 12 territoires. Souvent, on en parle quand il y a une crise… Ou on a tendance à en avoir une vision idéalisée lors d’événements culturels ou sportifs. Les Outre-mer, ce sont des territoires beaucoup plus complexes que ça. Aucun des territoires ultra-marins ne ressemble aux autres. »

Olivier Jacob, préfet et directeur général des Outre-mer

Olivier Jacob a également rappelé aux professionnels présents qu’il existait des politiques de soutien à la production audiovisuelle (reportages et documentaires) dans les Outre-mer.

Cette matinée d’échanges a été modérée par le commandant Adrien Ponin-Sinapayen, adjoint au pôle Planification et Préparation opérationnelle de la Sécurité civile, également porte-parole.

Si la Police nationale, la Gendarmerie nationale et la Sécurité civile travaillent ensemble au quotidien sur les mêmes problématiques, chacune des entités présentes s’est attardée sur un sujet de façon plus spécifique.

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Combattre la violence extrême

Jean-Baptiste Dulion, commissaire général de police, contrôleur général, chef de la mission Outre-mer pour la Police nationale a évoqué des enjeux de sécurité publique liés à la délinquance armée et au narcotrafic, notamment à Cayenne et Fort-de-France.
 

« On braque et on tue pour des motifs futiles. […] Le taux d’homicides est deux fois plus élevé qu’en métropole. […] Il y a un usage décomplexé des armes à feu. Le phénomène est accentué par des trafics de drogue de plus en plus denses. »

Jean-Baptiste Dulion, commissaire général de police, chef de la mission Outre-mer pour la Police nationale.

Par ailleurs, l’éloignement géographique implique des problèmes d’acheminement des personnels et une contrainte logistique d’engagement des matériels. À Mayotte, frappée en décembre par le cyclone Chido, la topographie est particulière ; les collines sont souvent boueuses et les « bangas », habitations de tôle, sont très difficiles d’accès. Lors de cet événement climatique d’une rare intensité, un brigadier-chef et tireur de haute précision du RAID (Recherche – Assistance – Intervention - Dissuasion) était présent pour aider les forces de l’ordre sur place et stopper les pillages, protéger les populations.

« Il y a un choc. La population était vraiment terrorisée. On est confrontés à une violence extrême. Les émeutiers fabriquent des javelots avec des fers à béton par exemple. »

Olivier, brigadier-chef, tireur de haute précision du RAID

Pour faire face, la Police nationale s'adapte :

  • création d'antennes RAID dans tous les territoires ultra-marins,
  • renforcement des effectifs,
  • livraison de moyens nautiques d'interception performants,
  • mobilisation de l’Office antistupéfiants (OFAST) dans les Antilles-Guyane,
  • opérations 100% (contrôle préalable de tous les passagers d'un avion) dans les aéroports,
  • projet de création de laboratoire spécialisé en balistique etc...

« La gestion des différentes crises survenues en Nouvelle-Calédonie, en Martinique et à Mayotte nous a aussi permis de nous professionnaliser dans le domaine de l’acheminement de renforts et d’équipements en des temps records depuis la métropole ou les territoires voisins vers les zones de crise en comptant sur la mobilisation exceptionnelle de tous les personnels de la Police nationale. »

Jean-Baptiste Dulion, commissaire général de police, chef de la mission Outre-mer pour la Police nationale

Lutter contre le trafic d’espèces

Les territoires ultra-marins sont aussi en proie au trafic d’espèces protégées, l’un des plus lucratifs au niveau mondial. Animaux, bois, coraux, végétaux : 90% des espèces découvertes en France sont répertoriées en Outre-mer, d’où un trafic important. À la Gendarmerie nationale, la Division nationale de lutte contre la maltraitance animale (DNLMA) de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) a été créée en janvier 2023. Les enquêteurs de cette unité d’investigation judiciaire collectent des éléments à charge pour punir les auteurs de maltraitance animale. Les nouveaux animaux de compagnie (NAC), araignées, reptiles, scorpions…, sont particulièrement concernés.

« Une famille installée en Alsace récupérait ces animaux, servait de nourrice et les revendait entre 50 et 600 euros la bestiole. Après avoir enquêté pendant un an, nous avons fait une perquisition chez cette famille à 6 heures du matin. Il y avait plus de 300 espèces. C’était un vrai zoo, je n’avais jamais vu une chose pareille. »

Dominique Elisabeth, chef d'escadron de la Division nationale de lutte contre la maltraitance animale (DNLMA)

En Outre-mer, l’orpaillage illégal est aussi un enjeu majeur. En Guyane, l’or se trouve principalement dans la roche (or primaire) ou dans les cours d’eau (or alluvionnaire). C’est une ressource à haute valeur compte-tenu du cours de l’or. Seul département ultra-marin non insulaire, le territoire est poreux. Il est très facile d’y arriver en pirogue.

« Les sites d’orpaillage sont tenus par des gens en armes. Pour extraire ce minerai, il faut du carburant, des motopompes, des lances et de la main d’œuvre. 300 sites sont recensés. Il y a environ 7000 orpailleurs illégaux qui détruisent l’écosystème. Ceux qui travaillent l’or sont en grande majorité des esclaves modernes. »

Amaury Le Pape, lieutenant-colonel, ancien commandant de la compagnie de Matoury en Guyane, aujourd'hui en poste à la direction générale de la Gendarmerie nationale.

Environ 1000 gendarmes départementaux et mobiles servent pour sécuriser le département guyanais. La lutte contre l’orpaillage illégal est une de leurs missions permanentes et prioritaires.

Secourir les populations en cas d’événement climatique

Le 14 décembre 2024, le cyclone Chido a durement frappé Mayotte. Des personnels de la Sécurité civile ont été déployés en avance de phase, la veille de cet évènement climatique particulièrement intense. Ils ont effectué les premières reconnaissances à 15h, lors du passage du cyclone. Il n’y avait plus de réseau mobile. Le téléphone satellitaire ne passait pas. 

« C’était apocalyptique… Les premières reconnaissances ont été faites par drones. L’objectif, c’était de dégager les routes puis les axes vers les points d’eau. Il a fallu à peu près 5 jours pour rétablir l’axe jusqu’à Mamoudzou, aidés par la population. »

Lieutenant Emma, officier communication du 7e Régiment d’instruction et d’intervention de la Sécurité civile

Très rapidement, il a fallu mettre sur pied l’hôpital de campagne, l’ESCRIM (Élément de Sécurité Civile Rapide d'Intervention Médicale) soit 2000 m2 de surface de toile de tente avec tous les services et les corps de métier d’un hôpital normal. La structure a été montée en un peu plus de douze heures dans des conditions climatiques difficiles. L’un des enjeux a consisté à transporter par des températures élevées 380 mètres cubes de matériel fragile qu’il fallait parfois conserver au frais. L’ESCRIM a ouvert le 24 décembre au matin. Prévu pour accueillir 100 patients et de 7 à 15 opérations par jour, il est très vite monté en puissance avec 300 patients et 20 opérations par jour.

« On a une autonomie de 20 jours (pharmacie, nourriture…). Sur la durée, c’est le terrain qui commande. On est toujours en relation avec les autorités sanitaires du pays. Après, il faut savoir laisser la place à des unités plus réduites. Il faisait 43 degrés sous les tentes. On climatise mais les appareils sont faits pour des hôpitaux en dur. Ça aussi, ça conditionne notre durée sur place. »

Jacques Pages, lieutenant-colonel, chef de mission présent sur la 1ère phase d’engagement de l’ESCRIM à Mayotte

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