Beauvau de la sécurité : recrutement et formation

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  • Publié le 09/03/2021
  • Mis à jour le 26/11/2024

La troisième table ronde du Beauvau de la sécurité, qui s'est tenue le 8 mars dernier, portait sur le recrutement et la formation des forces de sécurité intérieure, thématiques les moins médiatiques mais néanmoins les plus importantes, selon le ministre de l'Intérieur.

Avant de donner la parole aux représentants des gendarmes et des policiers (1), Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a tenu à rappeler les enjeux essentiels de cette matinée.

En matière de recrutement, l’arrivée programmée de 10 000 gendarmes et policiers, conjuguée au départ en retraite d’un nombre important de militaires, de policiers et d’agents du ministère dans les prochaines années, constitue un défi majeur pour l’Intérieur, celui « d’attirer de nouveaux talents et d’avoir le choix de la sélection ». Concernant la formation initiale des gardiens de la paix, partant du constat que sa durée avait été réduite afin d’envoyer plus rapidement les policiers sur le terrain, Gérald Darmanin a souhaité que l’on s’interroge sur sa durée mais également sur ses contenus, pour mieux répondre aux évolutions de notre société. Quant à la formation continue, le ministre de l’Intérieur a déclaré avoir bien conscience que celle-ci était souvent trop limitée en raison des impératifs de service. « Une formation juridique, physique, technique est cependant indispensable tout au long de la carrière pour que nos forces de sécurité restent efficaces ».

Face au défi du recrutement massif qui se profile, la question que tous les participants se sont posée est celle de l’attractivité des métiers de policier et de gendarme. Fabien Blanchot, professeur à l’université Paris-Dauphine, a notamment souligné que, outre les conditions de travail, le contenu, la rémunération et les perspectives de carrière, le capital « marque » - soit l’image que l’organisation a auprès du public - était essentiel pour attirer les candidats. Pour cela, il était indispensable d’identifier et de promouvoir les éléments pouvant renforcer cette image. Sur ce point, policiers et gendarmes s’accordaient tous sur l’importance d’aller à la rencontre des jeunes afin de valoriser l’image des forces de sécurité. Aller non seulement dans les lycées et les collèges mais également dans les écoles primaires pour contrebalancer l’image négative que peuvent avoir le policier ou le gendarme dans certains quartiers. Certains souhaiteraient que le ministère de l’Intérieur lance une grande campagne de recrutement, à l’image de celle de l’armée de terre, pour « donner envie de rejoindre les forces de sécurité ». Afin de faciliter le recrutement, policiers et gendarmes ont également évoqué la détection des talents en interne. Ne faudrait-il pas notamment faciliter l’intégration des adjoints de sécurité et des gendarmes adjoints volontaires ayant donné entière satisfaction, par une reconnaissance des acquis de l’expérience ?

En matière de formation, nombre de policiers déploraient le raccourcissement de la scolarité initiale des gardiens de la paix, passée de douze à huit mois, tout autant que le contenu, jugé trop théorique. « Il faudrait davantage de formations aux gestes techniques de défense et d’intervention et de mises en situation ». Gendarmes comme policiers étaient également d’accord sur le fait que la formation, surtout continue, constituait bien souvent la variable d’ajustement dans les services. « Alors qu’elle est assurément l’un des moyens les plus efficaces pour accroître la qualité du service rendu aux citoyens, il nous est très difficile de participer à des stages ou des formations en raison des nécessités de service ». Beaucoup de participants regrettaient également la fermeture de nombreux sites de formation et la vétusté de certains autres. Quant aux propositions pour revaloriser la formation au sein de l’institution, elles étaient bien entendu nombreuses : allongement de la formation initiale, augmentation des moyens alloués, valorisation de la formation dans la carrière, révision des contenus, « déconcentration » de certaines formations, généralisation du numérique, sans oublier une meilleure gestion de la formation des personnels administratifs, techniques et scientifiques. L’idée d’une académie de police a souvent été évoquée lors de cette matinée. À ce sujet, le ministre a confié une mission de préfiguration au préfet Emmanuel Barbe qui devra rendre ses premières conclusions d’ici à la fin du Beauvau.

Concluant la matinée, le ministre de l’Intérieur a indiqué que les investissements dans la formation étaient des investissements de long terme auxquels il croyait tout particulièrement.(1) Etaient présents le conseil de la fonction militaire de la gendarmerie nationale (CFMG), ainsi qu’Unité SGP police, Alliance police nationale, SNIPAT, SICP, SCPN, SNAPATSI, SCSI police, Synergie, SNPPS, UNSA police.

Retrouvez la troisième table ronde du Beauvau de la sécurité au ministère de l'Intérieur, en présence du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

Livret 3ème Table ronde du Beauvau de la Sécurité

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