L’État mobilisé contre les dérives sectaires

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  • Publié le 28/02/2024
  • Mis à jour le 05/03/2024
Groupe de personnes les mains levées vers le ciel, en noir et blanc
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Le Gouvernement a lancé une campagne nationale de communication pour sensibiliser le grand public à la question des dérives sectaires. Cette campagne s’inscrit dans la stratégie nationale de lutte contre les dérives sectaires présentée en novembre 2023 par le ministère en collaboration avec la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES), sous l’autorité du secrétariat général du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (SG-CIPDR).

Qu’entend-on par dérives sectaires ?

La MIVILUDES définit les dérives sectaires comme « la mise en œuvre, par un groupe organisé ou par un individu isolé, quelle que soit sa nature ou son activité, de pressions ou de techniques ayant pour but de créer, de maintenir ou d’exploiter chez une personne un état de sujétion psychologique ou physique, la privant d’une partie de son libre arbitre, avec des conséquences dommageables pour cette personne, son entourage ou pour la société ».

Une menace sectaire toujours vivace

Dans son dernier rapport, publié fin 2022, la MIVILUDES pointe l’augmentation continue, d’une année sur l’autre, du nombre des signalements qui lui sont adressés : + 33 % entre 2020 et 2021, et + 86 % entre 2015 et 2021. L’année 2021 constitue une année record avec un total de 4 020 signalements comptabilisés. Ce rapport alerte également sur l’évolution du phénomène sectaire. En complément des « multinationales de la spiritualité », on assiste à la prolifération de multiples structures, souvent de petite taille, dans les domaines notamment de la santé, du bien-être et de l’alimentation. Un autre phénomène marquant est la démultiplication des « gourous 2.0 » œuvrant sur les réseaux sociaux, et leur convergence de plus en plus forte avec les thèses complotistes. 

La tentation des pratiques de soins non conventionnelles

Depuis quelques années, les phénomènes de dérives sectaires s’amplifient dans le champ de la santé, en particulier dans celui des « pratiques de soins non-conventionnelles », des « médecines alternatives », complémentaires, non-médicamenteuses, ou naturelles, comme la naturopathie, l'ostéopathie, l'hypnose, la sophrologie, le jeûne thérapeutique, etc. En effet, les signalements et les demandes d’avis qui parviennent à la MIVILUDES mais également ceux effectués auprès des ordres professionnels de santé et des services de l’État tels que les agences régionales et nationales de santé ou les établissements de santé témoignent d’une augmentation du risque de dérives sectaires dans ce domaine. 
 

Face à ces dérives sectaires, la MIVILUDES recommande :

  •  de se méfier des solutions miracles et/ou impliquant des séances nombreuses et rapprochées ;

  • d’être attentif à tout changement important de comportement d’un proche ;

  •  d’en parler autour de soi et auprès d’autres professionnels de santé ;

  •  en cas de doute, de ne pas attendre qu’il soit trop tard pour interroger la MIVILUDES.


 

L’engrenage de l’endettement des victimes

L'endettement des victimes se retrouve presque systématiquement dans les dérives sectaires. De nombreux individus et mouvements mettent en place des systèmes de paiement pyramidaux, qui relèvent parfois de l'escroquerie, pour rendre leurs victimes dépendantes financièrement. Certains mouvements organisent de manière systématique la captation d'héritages pour financer leurs actions. 

Coaching, formations ou systèmes pyramidaux, ce type de dérives sectaires est en pleine expansion. 

 

Les mineurs, cibles particulièrement vulnérables face aux dérives sectaires

En matière d’éducation, les dérives sectaires peuvent s’inscrire dans les champs suivants :

  • l‘enseignement à la maison ;
  • l’enseignement dans un établissement hors contrat ;
  • les activités extra-scolaires ;
  • l’enseignement supérieur ;
  • toutes les situations impliquant des mineurs.
     

Les enfants sont, par nature, sensibles à l’environnement dans lequel ils évoluent et grâce auquel ils se construisent. Les points de repères d’un enfant reposent principalement sur ceux transmis par son entourage et il possède peu d’autonomie et d’esprit critique, ce qui en fait une cible particulièrement vulnérable. L’approche du risque sectaire chez les mineurs doit donc faire l'objet d’un traitement différent de chez l’adulte. 

En cas de doute quant aux pratiques d’une structure éducative, il est recommandé d’alerter la MIVILUDES et les services de l’Éducation nationale.

 

Le mirage d’un éveil spirituel

La MIVILUDES reçoit également des demandes et des signalements relatifs aux spiritualités ainsi qu’aux différentes mouvances (chrétiennes, bouddhistes, hindouistes, etc.) faisant état de déstabilisation des personnes, d’escroqueries sur le plan financier, de travail dissimulé, ou encore d’abus sexuels. 

Parmi ces thématiques liées aux spiritualités, figurent entre autres le néo-chamanisme, le masculinisme, le féminin sacré et le bouddhisme. Les interrogations et signalements de dérives sectaires relatifs à la sphère évangélique constituent également un sujet de préoccupation pour la MIVILUDES et concernent pour la plupart des mouvements religieux qui ne sont pas reconnus par les grandes fédérations.

 

Victime ou témoin : comment agir ?

Détecter une dérive sectaire à l’aide de la liste des critères de la MIVILUDES
Signaler une dérive sectaire à la MIVILUDES à l’aide la plateforme dédiée
En cas d’urgence, contactez le 17.

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