Séance de questions d'actualité au gouvernement du 26 février 2013

26 février 2013

Réponse de Manuel Valls à Eric Ciotti, député UMP des Alpes-Maritimes lors des questions d'actualité au gouvernement du 26 février 2013


Eric Ciotti

Monsieur le Premier ministre, nous étions ce matin rassemblés dans la cour d’honneur de la préfecture de police de Paris pour rendre hommage aux deux policiers morts en service vendredi dernier sur le périphérique. Le capitaine Cyril GENEST et le lieutenant Boris VOELCKEL. Ce matin, ce drame nous a rappelé le danger, le risque que courent les policiers et les gendarmes au service de notre liberté dans notre pays aujourd’hui. Onze mille policiers et gendarmes ont été blessés en service l’année dernière. Mes pensées en cet instant se portent vers les familles des deux policiers et vers le policier grièvement blessé dans ce drame épouvantable. C’est au même, Monsieur le Premier ministre, où est survenu ce drame vendredi matin que vous receviez et que vous approuviez les conclusions de la conférence de consensus initiée, installée par Madame TAUBIRA.Les résultats de cette conférence de consensus mettent à mal tout l’équilibre de notre droit pénal. Je sais que cela vous gêne mais ces conclusions, mises en place par une commission composée uniquement de proches de la majorité, installent aujourd’hui une véritable impunité pénale…Et vont lancer un message particulièrement dangereux en matière de délinquance. Vous voulez supprimer les peines planchers contre les multirécidivistes, vous rendez automatiques les libérations aux deux tiers de la peine, vous supprimez les tribunaux correctionnels pour mineurs. Cette politique est dangereuse. Monsieur le Premier ministre, comptez-vous revenir sur la politique pénale mise en place par la garde des Sceaux ?

Manuel Valls, ministre de l’Intérieur

Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, Monsieur le député Éric CIOTTI, nous étions effectivement à cette cérémonie émouvante présidée par le Premier ministre pour rendre un dernier hommage à Boris VOELCKEL et à Cyril GENEST décédés jeudi dernier et nous avons évidemment tous une pensée pour leurs familles et tous leurs camarades. Et nous avons aussi évidemment une pensée pour Frédéric KREMER qui, aujourd’hui, lutte pour la vie, soutenu par sa famille. Vous avez raison de souligner que trop de policiers et trop de gendarmes, depuis des années, sont confrontés à une contestation de l’autorité par des voyous, par des caïds, par des chauffards. Il faut évidemment que la justice passe avec la plus grande sévérité. Mais une réflexion s’ouvre, Monsieur le député…Sur le fait que quatre-vingt mille à quatre-vingt-dix mille peines de prison ferme ne sont pas exécutées, sur le fait que la surpopulation carcérale et l’état de nos prisons aggravent le risque de récidive, sur le fait que nos tribunaux sont surchargés, sur la manière de lutter contre la récidive. Et ça aussi – pardon de vous le dire mais regardons lucidement les choses –, malgré dix ans de politique pénale qui visait à traiter ces questions-là et que nous trouvons aujourd’hui et qui n’ont pas trouvé de réponse. Il y a, Monsieur le député, trois choses que nous ne devons pas oublier : être à la hauteur de l’émotion suscitée par la mort de ces deux policiers ; une deuxième chose, ne pas polémiquer parce que s’attaquer à ces problèmes de la société, à cette insécurité et notamment à ces individus très jeunes qui s’en prennent à l’autorité nécessite autre chose que des invectives ; et enfin, bien évidemment, faire en sorte que la politique pénale soit juste, efficace et condamne fermement ceux qui s’en prennent à l’autorité de la République.