Manuel Valls réforme le renseignement

Manuel Valls réforme le renseignement ©  MI/SG/Dicom/JL.Ziegler

Le ministre a annoncé le 17 juin la création d’une direction générale de la sécurité intérieure. Par ailleurs, l’information générale devient le « renseignement territorial », filière professionnelle de renseignement, mieux reconnue au sein de la sécurité publique.


Le 17 juin, devant deux cents policiers et gendarmes réunis à l’hôtel de Beauvau, le ministre de l’Intérieur a annoncé la création d’une direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). « La France doit disposer d’un grand service de renseignement interne redimensionné et mieux armé pour faire face aux menaces nouvelles », a-t-il indiqué. Cette création intervient dans le cadre d’un plan de renforcement pluriannuel en faveur du renseignement intérieur, proposé par le ministre de l’Intérieur et dont la mise en œuvre a été décidée par le président de la République et le Premier ministre.

Ce plan prévoit notamment le recrutement de 430 personnes supplémentaires à la DGSI au cours des cinq prochaines années. 260 d’entre elles seront des contractuels recrutés dans des domaines spécifiques : analystes en géopolitique, traducteurs et linguistes, notamment en langues rares, juristes, ingénieurs ou techniciens. Ces renforts interviendront entre autres dans les domaines de la lutte contre le terrorisme, de la cyberdéfense ou de la protection du patrimoine industriel.

La DGSI devra disposer d’un maillage territorial « dynamique, réactif et étroitement piloté. Je demanderai au DGSI de continuer à faire de l’animation et du suivi du réseau territorial une priorité de son action », a indiqué le ministre de l’Intérieur. Celui-ci souhaite que la circulation de l’information et l’interactivité « soient assurées dans les meilleures conditions », et que les liens opérationnels entre la DGSI et la direction du renseignement de la préfecture de police « soient pérennisés de manière irréversible ».

Les objectifs et les priorités seront inscrits dans une stratégie et un plan national d’orientation du renseignement, afin notamment de conforter la professionnalisation de la filière et de « garantir le contrôle de ses règles par une inspection technique du renseignement intérieur », a précisé Manuel Valls. En outre, le président de la République a créé une fonction interministérielle d’inspection générale du renseignement commune à l’ensemble de la communauté du renseignement.

Par ailleurs, l’information générale est restructurée au sein d’une filière de renseignement reconnue, qui reste cependant au sein de la sécurité publique, filière désignée désormais sous le nom de « renseignement territorial ». Un projet de doctrine d’emploi devait être adressé dès le 17 juin aux syndicats. Un plan de formation fondé sur le principe d’individualisation sera engagé au bénéfice de chaque agent. La filière sera organisée au niveau central avec un service central du renseignement territorial. Un second poste de directeur central adjoint de la sécurité publique sera donc spécialement créé.

Dans les six zones de défense, le chef du service zonal du renseignement territorial sera l’adjoint du directeur départemental de la sécurité publique, coordonnateur zonal. Dans les départements, le chef du service départemental du renseignement territorial aura la qualité d’adjoint au directeur départemental chargé du renseignement territorial. « Il s’agit de reconstruire une chaîne hiérarchique d’animation de la filière du renseignement territorial à tous les échelons », a précisé Manuel Valls. Celui-ci souhaite également tirer « toutes les conséquences de l’appartenance de la gendarmerie au ministère de l’Intérieur ». Au niveau central, un lien fonctionnel sera reconnu entre la DGGN et le chef du service central du renseignement territorial. Des liens fonctionnels devront aussi s’établir entre le service de renseignement territorial et le commandant de la zone ou du groupement de gendarmerie.

Enfin, le ministre de l’Intérieur a rappelé que la coopération entre les différents services chargés du renseignement devait être guidée par un seul principe : « l’intérêt général ». « Il faut savoir dépasser les réticences à partager les informations », a-t-il souligné.