Entretien avec le chef du service des courses et jeux

  • Grands dossiers
  • Publié le 06/02/2020
  • Mis à jour le 26/01/2024
Jetons de poker

Le chef du service courses et jeux répond à nos questions ...

Civique : L’interdiction des jeux de hasard et d’argent a toujours été la règle en France. Aujourd’hui encore, ils font l’objet d’une réglementation stricte et contraignante. Comment expliquer cette attention particulière que l’État porte sur les jeux d’argent ? 

Nous sommes effectivement toujours sous un régime de prohibition en matière de jeux d’argent et de hasard, puisque la loi de 1836 qui énonce que « les loteries de toute espèce sont prohibées » est encore valable. Cette interdiction s’explique historiquement par la volonté de protéger de la ruine et de la débauche les classes laborieuses. Néanmoins, aucun pouvoir n’a réussi à proscrire les jeux d’argent dans notre pays, et une tolérance a toujours existé.

A la fois, pour éviter le développement des paris et des jeux clandestins, et parce que les taxes sur le jeu ont toujours représenté une manne importante pour l’État. Ce sont les circonstances qui ont conduit à des aménagements de la loi. Ainsi, quand dans les années 1880, de riches Anglais, installés à Dieppe et à Pau, ont commencé à organiser des courses de chevaux, les pouvoirs publics n’ont pas souhaité interdire ces rassemblements entre gens fortunés qui avaient non seulement les moyens de perdre au jeu, mais qui participaient également à la vie économique de ces villes.

Devant l’ampleur que prenait ce phénomène, une loi réglementant l’autorisation et le fonctionnement des courses et chevaux a néanmoins été prise en 1891. Et dans la foulée, en 1892, un service était créé par Célestin Hennion, le père des brigades du Tigre, pour contrôler ce pari mutuel. Le service central des courses et jeux est l’héritier de cette structure.

Quid des casinos ? 

L’histoire des casinos est elle aussi marquée par ce mélange d’interdiction et de tolérance. En 1806, un décret autorise l’ouverture de casinos dans les stations balnéaires et minérales pendant la saison des eaux, permettant ainsi aux riches clients qui y séjournent de se divertir, tout en préservant les classes populaires de la tentation du jeu.

La Troisième République donnera un fondement juridique aux casinos en 1907, en adoptant une loi les autorisant dans les stations thermales, balnéaires et minérales. Une division des casinos est alors créée au sein du service du contrôle du pari mutuel.

Courses-et-jeux-Entretien-avec-le-chef-des-services-courses-et-jeux_large.jpg

Découvrir d'autres articles sur le dossier : Jeux interdits… et autorisés