La traîte des êtres humains et France : Le profil des victimes accompagnées par les associations en 2022

  • Communiqués de presse
  • Publié le 11/10/2023
  • Mis à jour le 03/01/2024
Foule dans la rue

Lors de cette septième édition de l’enquête annuelle sur les victimes de traite des êtres humains accompagnées par les associations en France ces dernières ont déclaré avoir accompagné 2 994 victimes en 2022, dont 2 675 exploitées au moins en partie en France (champ de l’étude).

Parmi ces dernières, 76 % étaient victimes d’exploitation sexuelle, 15 % d’exploitation par le travail, 7 % de contrainte à commettre des délits, 2 % de mendicité forcée, et moins d’1 % d’autres formes d’exploitation. Les victimes sont majoritairement des femmes (82 %) et des personnes majeures (84 %), même si la part des victimes mineures est en hausse en 2022 (+5 points par rapport à 2021).

Sept victimes sur dix sont originaires de pays d’Afrique, bien que les parts des victimes originaires de pays d’Europe (17 %) ou de pays d’Amérique latine et des Caraïbes (10 %) augmentent en 2022. Ces hausses sont principalement dues à l’augmentation du nombre de victimes françaises (11 % de l’ensemble) et brésiliennes (5 %). Pour la seconde année consécutive, la participation à l’enquête est en hausse, avec 36 associations répondantes supplémentaires par rapport à 2021 (soit +80 %).

La Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof) et le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) publient conjointement les résultats de l’enquête annuelle sur les victimes de traite des êtres humains accompagnées par les associations en France. Ce travail s’inscrit dans le cadre de la mesure 8 du plan d’action national contre la traite des êtres humains : « Pérenniser l’enquête sur les victimes de traite des êtres humains suivies par les associations ».

La traite des êtres humains est un phénomène criminel transnational complexe à saisir statistiquement en raison de la vulnérabilité et de la précarité des victimes, qui sont également souvent sous l’emprise des réseaux d’exploiteurs. La collecte de données auprès d’associations d’aide aux victimes complète et enrichit l’état des lieux, partiel, issu de la délinquance enregistrée par les services de police et de gendarmerie.

En 2022, près de 3 000 victimes de traite des êtres humains ont été accompagnées par 72 associations. Parmi elles, 319 ont été exploitées uniquement à l’étranger, par exemple lors de leur parcours migratoire vers la France. Ainsi, 2 675 victimes ont été exploitées au moins en partie en France.

Comme lors des éditions précédentes, les victimes d’exploitation sexuelle représentent la majorité des victimes (76 %) en 2022, une grande partie des associations répondantes accompagnant ce type de victimes. D’autres formes d’exploitation sont également détectées par les associations : 15 % des personnes accompagnées sont victimes d’exploitation par le travail, 7 % de contrainte à commettre des délits, 2 % de mendicité forcée et moins d’1 % d’autres formes d’exploitation.

Les profils de ces victimes diffèrent selon les formes d’exploitation subies : majoritairement des femmes pour l’exploitation sexuelle et des hommes pour l’exploitation par le travail hors domestique ; principalement des mineurs pour les victimes de contrainte à commettre des délits. Les conditions d’exploitation varient selon les formes d’exploitation, notamment les liens avec les exploiteurs : les victimes d’exploitation domestique le sont souvent par des personnes de leur entourage proche tandis que les victimes d’exploitation sexuelle le sont généralement par des réseaux criminels.

Une attention particulière a été portée dans cette septième édition de l’enquête aux mineurs, qui représentent 16 % de l’ensemble des victimes (+97 % par rapport à l’édition précédente). Deux tiers d’entre eux sont des filles (66 %), principalement d’origine française, davantage victimes d’exploitation sexuelle ; et les 34 % restant sont des garçons, de nationalités étrangères (Afrique ou Europe de l’Est), majoritairement victimes de contrainte à commettre des délits. Ces jeunes demeurent particulièrement vulnérables face aux exploiteurs. Parmi ces mineurs suivis par les associations, 36 % étaient potentiellement des mineurs non accompagnés.

En 2022, les associations n’ont quasiment pas constaté de changement dans leurs activités à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ceci peut s’expliquer par la mobilisation de la France pour prévenir les risques de traite dans ce contexte de guerre, ainsi que par les conditions favorables d’accueil des réfugiés limitant leur vulnérabilité administrative. Bien que le manque de recul sur le conflit ne permette pas d’estimer un nombre précis de victimes concernées, des situations préoccupantes pouvant dissimuler de la traite ont toutefois été détectées par des associations.

Retrouvez la publication ici.

Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof)

Interstats Références

À propos du SSMSI

Le SSMSI est le service statistique en charge de la sécurité intérieure, au ministère de l'Intérieur. Il a pour mission de produire et de mettre à disposition du grand public des statistiques et des analyses sur la sécurité intérieure et la délinquance. Il compose avec l'Insee et 15 autres services statistiques ministériels le service statistique public. Le SSMSI respecte à ce titre un certain nombre de règles visant à maintenir la confiance dans les informations produites et diffusées, en particulier indépendance professionnelle, fiabilité, neutralité, qualité des processus, méthodologie solide, accessibilité. Comme les autres membres du service statistique public, son programme de travail fait l'objet d'une concertation avec l'ensemble des utilisateurs au sein du Conseil national de l'information statistique (Cnis), et son activité est évaluée par l'Autorité de la statistique publique (ASP).
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À propos de la Miprof

La Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof) a été créée le 3 janvier 2013. Elle est placée auprès du ministère délégué auprès de la Première ministre chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations. Quatre principales missions lui ont été confiées : la définition d’un plan national de formation des professionnels sur les violences faites aux femmes et la création d’outils de formation ; un rôle d’observatoire national sur les violences faites aux femmes et de déploiement des observatoires territoriaux des violences faites aux femmes ; favoriser l’animation locale de la politique de protection des femmes victimes de violences ; et enfin, la coordination nationale de la lutte contre la traite et l’exploitation des êtres humains. A ce titre, elle a piloté la mise en œuvre et le suivi du 2nd plan d’action national contre la traite, en concertation étroite avec les ministères concernés et les associations et coordonne les travaux en vue du 3ème plan.

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