Lancement du Beauvau de la sécurité

  • Grands dossiers
  • Publié le 01/02/2021
  • Mis à jour le 29/11/2023
Beauvau de la sécurité

Le Beauvau de la sécurité s’est ouvert le 1er février au ministère de l’Intérieur. Le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur et la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté avaient convié pour ce premier acte, les représentants des policiers et des gendarmes, ainsi que des parlementaires et des élus locaux.

C’est au Premier ministre qu’il revenait de lancer le Beauvau de la sécurité, le 1er février, dans la salle des fêtes du ministère de l’Intérieur. Accompagné de Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, et de Marlène Schiappa, la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté, Jean Castex a, dans un premier temps, tenu à rendre hommage aux onze femmes et hommes des forces de sécurité intérieure tués en mission l’an dernier, sans oublier les 8 700 policiers et gendarmes blessés.

« Le métier que vous faites n’est en rien un métier comme les autres, vous l’exercez en risquant votre vie, a-t-il insisté.Ce métier, vous l’exercez dans un pays qui connaît une crise sanitaire inédite, mais celle-ci n’a pas remplacé les autres crises qui fracturent notre société : la menace terroriste, la délinquance liée à la drogue, les bandes ou les manifestations ultra-violentes. Je sais que vous êtes confrontés à un refus d’obtempérer toutes les demi-heures et que certains n’hésitent pas à utiliser le mortier d’artifice contre les commissariats et casernes. Les Français comme le gouvernement ne comprennent ni n’acceptent qu’on s’en prenne ainsi aux forces de l’ordre. C’est la raison pour laquelle les organisations, les équipements et les méthodes doivent s’adapter aux évolutions de la société et de la délinquance ».

Un défi qui mérite « une mise en perspective, une approche sociétale, une démarche participative qui viennent éclairer les pouvoirs publics sur les politiques de sécurité. Tel est fondamentalement l’objet du Beauvau de la sécurité dans le prolongement de la démarche du Livre blanc et des rapports parlementaires qui éclairent les travaux ».

Après avoir explicité la philosophie du Beauvau de la sécurité, le Premier ministre en a rappelé les objectifs : donner davantage de force, d’effectivité et d’adhésion à ce qui constitue une priorité pour le président de la République et le gouvernement, celle d’assurer à tous les Français la sécurité à laquelle ils ont droit ; et permettre aux forces de sécurité d’assurer leur mission dans les meilleures conditions juridiques, matérielles, humaines et psychologiques possibles.

Si huit thématiques sont au menu du Beauvau de la sécurité, le Premier ministre sera particulièrement attentif à trois sujets.« J’attends de vous des préconisations ambitieuses en termes d’organisation, de condition d’emploi des forces, de simplification des procédures, de recours au numérique et de management, afin d’avoir le plus de policiers et de gendarmes possibles au plus près du terrain et des populations. Il faut valoriser ce que le ministre de l’Intérieur a appelé « la révolution managériale », notamment en reconnaissant davantage la hiérarchie de proximité et en accroissant ses marges de manœuvre ».

Le deuxième axe qui fera l’objet d’un suivi particulier du chef du gouvernement concerne les relations avec les partenaires institutionnels, comme l’autorité judiciaire ou les polices municipales, mais également avec les sociétés de sécurité privée.

Troisième dossier prioritaire pour le Premier ministre, celui des relations entre les forces de l’ordre et la population, mais aussi les médias.« Un sujet complexe », a admis Jean Castex, mais qui doit être abordé sans arrière-pensée, ni raccourci, généralisation hâtive ou déni. « Ma conviction profonde est que l’immense majorité des forces de sécurité intérieure effectue chaque jour un travail particulièrement difficile dans le respect le plus strict des règles d’engagement et de comportement, a martelé le Premier ministre, et que si la transparence de leur action constitue un enjeu essentiel dans toute démocratie moderne, il ne serait être cependant toléré la moindre violation à la vie des policiers et gendarmes. Il est indispensable que personne ne puisse faire pression sur les agents et leur famille en les menaçant ou en les désignant à la vindicte ».

En guise de conclusion, le Premier ministre a rappelé que l’objectif de ce vaste chantier qu’est le Beauvau de la sécurité était d’apporter des réponses concrètes immédiates, mais aussi de poser les fondements d’une ambitieuse loi de programmation et d’orientation de la sécurité intérieure à l’horizon 2022.

Les représentants syndicaux des policiers1 étaient ensuite invités à exprimer leurs attentes. Tous se sont accordés pour dire que les policiers attendaient des mesures claires en matière de moyens, d’équipements, de rémunération, de déroulement de carrières ou de formations. Autre « amélioration » attendue par les organisations syndicales, celui du rapport avec la Justice.« Il s’agit d’un chantier primordial, voire impératif, pour certains, et de celui-ci découlera le reste. Nous attendons beaucoup, sur ce point, de l’observatoire de la réponse pénale annoncé récemment par le ministre de l’Intérieur ». La question des missions périphériques, des doublons, des procédures complexes et nombreuses a également été soulevée par de nombreux représentants :« Il est indispensable de recentrer le policier sur son cœur de métier ».

Les représentants syndicaux des personnels administratifs, techniques et scientifiques de la Police nationale ont de leur côté déploré qu’on on ne parle jamais de ces agents,« sans qui la maison police ne pourrait fonctionner correctement et qui ont toute leur place dans ce Beauvau de la sécurité ».

Bien évidemment, les gendarmes étaient aussi invités à s’exprimer ce 1er février, par la voix de son instance nationale de concertation, le conseil de la fonction militaire de la gendarmerie nationale (CFMG). Si les gendarmes déclarent adhérer complétement à la démarche, et souhaitent que le ministère de l’Intérieur en sorte renforcé, dans le but de mieux protéger la population, cet objectif requiert, selon eux, des forces de l’ordre plus efficaces, mieux préparées, mieux encadrées, mieux formées et mieux équipées. Le général Louis-Mathieu Gaspari, secrétaire général du CFMG, a également soulevé un point particulier : « Si les huit chantiers sont communs aux deux forces, les réponses qui seront apportées doivent être différenciées. Leur organisation, leur mode de fonctionnement et leur culture sont différents mais utilement complémentaires pour tout le pays ».

Quant aux représentants syndicaux des personnels civils de la gendarmerie, ils attendent des avancées concrètes en matière de reconnaissance, de moyens et d’avancée de carrière. Sur la question des personnels administratifs et techniques, qu’ils officient en gendarmerie ou dans la police, le ministre de l’Intérieur leur a personnellement assuré qu’ils étaient considérés comme faisant pleinement partie de la communauté de la sécurité et que des réponses seront apportées à leurs préoccupations propres.

Parlementaires et élus2 enfin, conviés à cette séance inaugurale, ont exprimé leurs attentes quant au Beauvau de la sécurité, celles-ci portant pour nombre d’entre eux sur le positionnement de la police municipale dans le continuum de sécurité. Se posent notamment les questions de ses compétences, de ses moyens juridiques, de son recrutement « qui ne peuvent être dissociées de l’évolution de l’organisation et de la doctrine d’emploi de la police et de la gendarmerie nationales ».

En conclusion de cette journée inaugurale, le Premier ministre a rappelé que la nation avait besoin d’autorité,« une autorité juste, claire, efficace à tous les niveaux de la société ». Et se donner les moyens de rétablir cette autorité est bien l’objectif majeur du Beauvau de la sécurité.

1 FO police, Alliance, UNSA police, SCSI police, Synergie, SCPN, SICP, SNAPATSI, SNPPS

2 Étaient présents : Jean-Michel Fauvergue, député de la Seine-et-Marne, Henri Leroy, sénateur des Alpes-Maritimes, Jérôme Durain, sénateur de la Saône-et-Loire, Nathalie Koenders, première adjointe au maire de Dijon, Fréderic Masquelier, maire de Saint-Raphaël, Alexandre Touzet, maire de Saint-Yon et Jean-Pierre Bouquet, maire de Vitry-le-François

Retrouvez le lancement du Beauvau de la sécurité au ministère de l'Intérieur, en présence du Premier ministre, Jean Castex, du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin et de la ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur en charge de la Citoyenneté, Marlène Schiappa :

Découvrir d'autres articles sur le dossier : Beauvau de la sécurité