Accompagner les familles

Accompagner les familles
10 novembre 2016

Le 12 novembre, veille du drame, une instruction interministérielle signée du Premier ministre offiialise la création de la Cellule interministérielle d’aide aux victimes (CIAV). Elle constitue un interlocuteur unique pour toutes les interrogations des familles des victimes.


«  Alors que la préfecture de police commençait à recevoir les appels des familles par le biais de son numéro vert, il a été décidé en CIC Beauvau, dans la nuit du vendredi 13, que la CIAV, dispositif encore inconnu de la gestion de crise, prenne ce rôle, raconte le Lieutenant-colonel de sapeur-pompier Fabrice Jean, détaché du ministère de l’Intérieur au sein de la CIAV. Son objectif premier est de stabiliser le bilan des victimes décédées et d’assurer la relation avec les familles ».

La CIAV, abritée au Quai d’Orsay, est pilotée par le Centre de crise et de soutien du ministère des Affaires étrangères et du développement international, et son directeur Pascal Paoli. Sa création a été décidée à la suite des attentats  de Charlie Hebdo pour la prise en charge et le soutien des familles victimes d’actes de terrorisme. Entre le 13 et le 27 novembre, elle rassemble au plus fort de la crise plus d’une centaine de personnes : représentants des ministères de l’Intérieur -policiers, FORMISC, SDIS et BSPP-, de la Justice, de la Santé, des Affaires étrangères, et des associations d’aides aux victimes. Trois missions incombent au ministère de l’Intérieur : la prise en charge logistique des familles, la  relation avec les préfectures et un rôle de liaison avec la police technique et scientifique pour l’identification des victimes.

La CIAV a traité plus de 12 000 appels. Familles abattues, agacées ou perdues, sont reçues au téléphone par des réservistes de l’Eprus (établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires) qui leur donnent des  nouvelles de leurs proches avant de les aiguiller vers les autres membres de la cellule : «  Nous gérons les transports et logements des familles pour leurs allers et retours vers Paris une fois que l’identification est établie », explique   Fabrice Jean. Les agents du ministère de l’Intérieur les assistent également pour l’organisation des obsèques par exemple, et préviennent les préfets des départements concernés. «  Le secrétariat général du ministère de l’Intérieur a  envoyé des mails aux préfets pour leur indiquer le rôle de la CIAV.

Cela a permis officialiser nos actions et d’entrer plus facilement en contact avec eux. Nous joignons également les préfectures pour faciliter des démarches d’identification des corps, par exemple obtenir l’accès au dossier de passeport contenant les empreintes digitales », continue-t-il. Sur un grand tableau, une liste de prénoms, de noms, des numéros Sinus (bracelet à code barre contenant des données personnelles et d’ordre médical), des coordonnées de familles, et des cases qui resteront blanches le temps du processus d’identification… une liste sans cesse complétée et consolidée, jusqu’à connaître les 130 victimes. Cent trente noms qui seront lus le jour de l’hommage national, organisé en lien avec la préfecture de police. La CIAV, pour sa première activation, s’est révélée être un dispositif indispensable et complémentaire de la cellule interministérielle de crise de Beauvau, «  tout a fonctionné grâce à la bonne entente et la bonne coordination interministérielle au sein de la cellule. Pascal Paoli a donné l’impulsion et le liant permettant cette symbiose », termine Fabrice Jean.

Accueil à l’Institut médico-légal et à l’École militaire

Les corps des victimes sont rapatriés au fur et à mesure à l’Institut médico-légal (IML) où les familles peuvent procéder à l’identification et se recueillir. Le dispositif sur place ne permettant pas de recevoir des dizaines de familles  simultanément, la CIAV organise une cellule d’accueil des proches des victimes, aux côtés des psychologues et agents de l’IML. Le dispositif est appuyé par les associations de protection civile et les établissements de soutien opérationnel et logistique de la Sécurité civile qui installent des tentes,toilettes, électricité et ravitaillement pour un accueil décent.

L’action de la CIAV est complétée par l’ouverture d’un centre d’accueil et d’information à l’École militaire. Les familles sont invitées à s’y rendre, reçues par des équipes de soutien (psychologues, professionnels de santé, experts de la police judiciaire).