16.09.2015 - Séance de questions au Gouvernement à l'Assemblée nationale

16 septembre 2015

Bernard Cazeneuve a répondu à Jean-Pierre DECOOL, député Les Républicains du Nord, lors de la séance de questions au Gouvernement à l'Assemblée nationale du mercredi 16 septembre 2015.


Jean-Pierre DECOOL, Député Les Républicains du Nord

Madame la Présidente, mes Chers Collègues, ma question s’adresse à monsieur le ministre de l’Intérieur. Monsieur le Ministre, fuyant la guerre et les persécutions de nombreuses populations affluent massivement en Europe depuis des semaines. Face à ces réfugiés un devoir moral nous incombe, celui de les accueillir avec bienveillance. A ce moment du débat il ne faut toutefois pas confondre réfugiés et migrants économiques, en effet, Monsieur le Ministre, les migrants économiques n’ont nullement l’intention de s’installer en France mais veulent avant tout rejoindre la Grande-Bretagne où les conditions de travail paraissent plus ouvertes. C’est là tout le cœur du problème actuel, ils ne sont pas demandeurs d’asile. En attendant de pouvoir traverser La Manche ces migrants s’installent sur le littoral dunkerquois. La commune de Téteghem dans ma circonscription ou celle de Grande-Synthe sont particulièrement touchées par cet afflux massif, les camps d’accueil sont saturés, les associations humanitaires débordées et les forces de police en nombre insuffisant pour gérer cette situation. Les maires du littoral dunkerquois redoutent un Calais bis et ce d’autant plus que les réseaux de passeurs se multiplient et se renforcent de jour en jour. Les passeurs, esclavagistes des temps modernes, font régner la terreur dans les camps, ces passeurs ne reculent devant rien pour tirer profit de toutes les situations. Les trafics auxquels ils se livrent se font au grand jour narguant dans leur voiture de luxe les forces de police qui ne peuvent pas toujours intervenir faute de preuves et de moyens. Sur le Dunkerquois les tensions suscitent un sentiment d’insécurité et la peur. Cette situation ne peut perdurer plus longtemps, ces criminels ne doivent pas rester impunis. Monsieur le Ministre, vous l’aurez compris, si l’objectif à court terme est de réduire l’afflux de clandestins il faut impérativement démanteler ces filières scélérates, quelles mesures concrètes et fermes entendez-vous prendre afin d’éradiquer les réseaux de passeurs et les mettre hors d’état de nuire ? 

Bernard CAZENEUVE, Ministre de l’Intérieur

Monsieur le Député DECOOL, merci pour cette question qui est en tous points des sujets qu’elle évoque juste et je voudrais répondre très précisément à chacune des interrogations que vous formulez. Il est effectivement absolument impératif de procéder au démantèlement de ces réseaux de passeurs, c’est la raison pour laquelle dans le Calaisis le Premier ministre a souhaité que nous renforcions considérablement les moyens de la Police nationale pour être efficace dans ce démantèlement. Ce sont près de 500 policiers supplémentaires qui ont été affectés à calais précisément pour engager cette action de façon volontariste et je vais vous donner des chiffres extrêmement précis. Nous avons depuis le début de l’année 2015 en France procédé au démantèlement de 177 filières de passeurs correspondant à 3.300 individus dont une grande partie ont été judiciarisés. J’ai également souhaité que nous puissions procéder à des éloignements forcés à partir de Calais mais également de Dunkerque, pourquoi ? Parce que ceux qui ne relèvent pas du statut de réfugiés à Dunkerque comme à Calais n’ont pas vocation à rester sur le sol national et qu’il est indispensable si nous voulons envoyer un signal fort pour que la situation soit maîtrisée, que les passeurs ne puissent plus convaincre des migrants de venir en France, à Calais et à Dunkerque avec l’illusion qu’ils pourront passer. Par ailleurs, j’ai demandé aux Britanniques dans le cadre d’un accord franco-britannique de bien vouloir contribuer au financement à hauteur de 35 millions d’euros, ce qui n’est pas rien, de la sécurisation des infrastructures des transports parce que c’est aussi un signe envoyé aux passeurs. Et pour ce qui concerne Dunkerque plus particulièrement j’ai donné trois instructions et je me rendrai prochainement à Dunkerque. Première instruction, faire en sorte que les moyens soient confortés des forces pour leur permettre de faire le même travail qu’à Calais. Deux, s’attaquer résolument par des contrôles qui à l’heure où je vous parle se multiplient aux filières de l’immigration irrégulière pour obtenir les mêmes résultats que partout en France. Et, trois, offrir l’asile à ceux qui relèvent de l’asile en France pour les dissuader de passer en Grande-Bretagne.