25.03.2010 - Cérémonie d'hommage aux personnels mobilisés pour les catastrophes d'Haïti et de Xynthia

25 mars 2010

Intervention de M. Brice HORTEFEUX, Ministre de l'intérieur, de l'outre-mer et des collectivités territoriales, lors de la cérémonie d'hommage aux personnels mobilisés pour les catastrophes d'Haïti et de Xynthia - Hôtel de Beauvau, le jeudi 25 mars 2010.


- Seul le prononcé fait foi -

Monsieur le secrétaire général,
Messieurs les préfets,
Messieurs les directeurs généraux de la police nationale et de la gendarmerie nationale,
Monsieur le directeur de la sécurité civile,
Mesdames et Messieurs les directeurs,
Mesdames et Messieurs,
Je suis particulièrement heureux et fier de recevoir, ici, Place Beauvau, des hommes et des femmes de l'Intérieur qui se sont illustrés par leur professionnalisme, leur sang-froid et leur courage, dans des circonstances particulièrement éprouvantes.
Ce qui nous rassemble aujourd'hui, ce sont deux drames sans précédent survenus à des milliers de kilomètres de distance.
Le 12 janvier dernier, tout d'abord, c'est un tremblement de terre d'une magnitude supérieure à 7 sur l'échelle de Richter qui détruit une partie de l'île d'Haïti, dont la capitale Port-au-Prince, et tue des centaines de milliers de personnes, dont deux militaires de la gendarmerie .
Six semaines plus tard plus tard, dans la nuit du 27 au 28 février, c'est une tempête couplée à des marées exceptionnelles qui frappe la France de plein fouet et particulièrement les départements de Vendée et de Charente-Maritime. Sur l'ensemble du territoire, ce sont 53 victimes qui sont à déplorer. Les dégâts matériels sont considérables : les maisons sinistrées, les exploitations agricoles dévastées, les infrastructures routières, portuaires et ferroviaires ravagées.
Face à ces deux chaos, l'Etat français a répondu doublement présent. Un double élan de solidarité, international avec Haïti et national à l'égard de nos compatriotes, s'est manifesté. C'est donc, pour nos forces de sécurité un double succès.

I.    Ce double succès est, avant tout, le fruit d'une mobilisation sans précédent.

(1) Sans attendre, dès le lendemain de la catastrophe à Haïti, nous avons déployé des moyens humains pour venir au plus vite en aide aux sinistrés.

Ce sont, ainsi, 770 sapeurs-pompiers qui ont été mobilisés sur place, accompagnés de 114 militaires de la gendarmerie envoyés en renfort.
Les équipes de secours de la sécurité civile à Haïti ont, sans relâche, travaillé sur 19 chantiers. Grâce à eux, ce sont 15 personnes qui ont être dégagées vivantes des décombres. Je pense notamment au caporal chef SAISSI qui, par son courage, son intrépidité et son sang-froid, a progressé parmi les décombres pour aller aux contacts de survivants.
Je pense aussi aux sauveteurs français arrivés les premiers sur place. Ils sont parvenus à créer, en plein air, une structure hospitalière autour de 51 équipes médicales de la sécurité civile qui se relaient aujourd'hui encore jour et nuit auprès de blessés. Cette médecine d'urgence, au plus près des secours, s'est imposée comme un complément opérationnel essentiel. 110 médecins de la sécurité civile, toutes spécialités confondues, se sont ainsi relayés à la fois au sein de l'Elément de sécurité civile rapide d'intervention médicale, notre hôpital de campagne, ou par petites entités qui sont allées au contact des populations les plus fragilisées.
Affectés au sein de la MINUSTHA, les soixante fonctionnaires de police et militaires de la gendarmerie, eux-mêmes touchés par le séisme, ont également pu contribuer aux premiers secours. Je les salue d'autant plus qu'ils ont souhaité rester et ne pas être relevés de leur mission afin de poursuivre leur devoir d'assistance.
D'ailleurs, si j'ai eu l'occasion de remettre la médaille d'acte de courage et de dévouement à certains d'entre vous, d'autres, qui n'ont pu être présents, la méritent tout autant. Leurs autorités respectives auront l'occasion de les décorer dans les prochaines semaines.
Le soutien de la gendarmerie nationale a été primordial. Deux pelotons d'intervention de la garde républicaine ainsi qu'un escadron de gendarmerie mobile, dépêché directement de la Martinique où il se trouvait en mission, ont été rapidement déployés. 8 experts de gestion de crise ont coordonné l'action des différentes unités de gendarmerie venues assurer la protection des sauveteurs et des haïtiens contre les agressions de pillards ou tout simplement pour éviter que la loi du plus fort ne devienne la règle.
Je salue, en particulier, les 14 experts – gendarmes et policiers – de l'unité nationale d'identification de victime de catastrophes, dont certains ont été décorés, il y a quelques minutes, qui ont effectué un travail formidable, pourtant rendu extrêmement difficile par les conditions sanitaires et le manque d'infrastructures. Grâce à vous, 32 victimes ont pu être identifiées. Grâce à vous, ce sont 32 familles qui ont pu faire leur deuil.
C'est aussi un formidable élan de solidarité qui s'est manifesté entre vous ; ce fut, pour beaucoup, je le sais, des rencontres extrêmement marquantes.
Vous êtes restés unis. Tous ensembles, vous avez appris à travailler, dans l'adversité : les gendarmes ont travaillé main dans la main avec les policiers ; les sapeurs pompiers territoriaux du nord de la France ont travaillé avec ceux du sud, de la BSPP, du bataillon des marins pompiers de Marseille et des unités militaires de la sécurité civile.
Vous avez montré que les forces de sécurité civile, les forces de sécurité intérieure et les forces militaires forment une même famille.

(2) Ce même élan de solidarité, vous l'avez manifesté lors de la tempête Xynthia

Pour les deux départements :

  •    4 compagnies républicaines de sécurité sont intervenues sur les lieux les plus touchés ;
  •    565 militaires de la gendarmerie ont effectué des opérations de sauvetage.
  •    et plus de 2 000 sapeurs-pompiers ont été mobilisés ;

Leurs 37 000 interventions de secours, de jour comme de nuit, ont sauvé près de 1 500 personnes, souvent piégées par la fulgurante montée des eaux.
Cette mobilisation des spécialistes du secours n'aurait pu se dérouler sans les préfets de zone et de départements ainsi que tous les personnels des préfectures.
En réceptionnant toute la nuit durant des appels de détresse, ils ont notamment joué un rôle clé pour orienter les secours et se sont employés, avec une disponibilité exceptionnelle, à apporter soutien et réconfort aux nombreux sinistrés. Je n'oublie pas le travail effectué par les équipes techniques de la préfecture pour les approvisionnements et la mise en place des matériels qui ont largement participé à la bonne organisation du dispositif.
A tous, je tiens à leur rendre hommage car cet engagement est le reflet de leur dévouement, de leur solidarité et de leur attachement au service public.

II.    Ce double succès est aussi celui d'une stratégie. Celle-ci est fondée sur l'anticipation et sur l'utilisation de moyens de haute technologie.

(1) Vous avez, tout d'abord, su faire preuve d'anticipation.

Ce principe d'anticipation est la clef de voûte de l'emploi des moyens humains et matériels. Elle démontre la capacité du ministère à répondre en toutes circonstances, en tous lieux et sur tous types d'événements, à l'attente des populations.
Ce n'est que par l'anticipation que nous pouvons adapter nos moyens, au plus près des besoins et des situations.
Dès la diffusion du bulletin de vigilance orange et de l'avis de très fortes vagues, l'alerte a ainsi pu être relayée auprès des collectivités locales. La réactivité des agents des préfectures de Charente-Maritime et de Vendée dans ces heures qui ont précédé la tempête a été déterminante pour sensibiliser les élus et la population. Des moyens ont également été pré-positionnés, sous l'égide de la direction de la sécurité civile.

(2) L'un des facteurs de votre réussite repose, aussi, sur l'utilisation de technologies de pointe.

 Je pense, en premier lieu, aux moyens de pompage déployés par la sécurité civile, et capables d'aspirer 1 500 litres à la seconde. Plus d'un quart de million de litre d'eau a pu être refoulé facilitant, ainsi, un début de retour à la vie normale pour les sinistrés.
Une douzaine d'hélicoptères des ministères de l'intérieur et de la défense ont également fait un travail irréprochable pour hélitreuiller les concitoyens réfugiés sur les toits. A la Rochelle, un équipage de la sécurité civile a, ainsi, sauvé 36 personnes prisonnières de la tempête.
Je pense aussi, à Haïti, aux équipes de secours/déblaiement qui disposent désormais de détecteurs très sophistiqués et du recours à l'imagerie satellitaire pour engager en temps réel des unités là où la vie est détectée.
Je n'oublie pas le pari fantastique d'avoir acheminé un DASH 8 sur Haïti grâce au savoir-faire des pilotes. Cet équipage, avec 250 heures de vol, s'est parfaitement inséré dans les norias de liaison avec Fort-de-France pour porter assistance à la population. De la même manière, comment ne pas se remémorer les prouesses effectuées par notre hélicoptère EC 145 aux côtés des Blackhawk américains.
De ces actions, je vois évidemment un point de satisfaction au regard des engagements financiers pris dans la LOPPSI 2 sur les matériels de haute technologie.
A la disposition des préfets de zone et de départements, cette combinaison du sens du devoir et de l'engagement de chacun dans ces épreuves, associée à des méthodes d'investigation sophistiquées et à une planification opérationnelle parfaitement maîtrisée, est certainement un des facteurs essentiels d'une réussite qui fonde plus encore la sécurité civile française comme modèle de référence dans le monde.

X

Aujourd'hui, nous devons tirer tous les enseignements de cette nouvelle épreuve aussi bien en termes de prévention que d'alerte des populations. L'anticipation est un facteur de réduction des bilans de ces catastrophes naturelles et si nous ne pouvons rien contre les éléments, à nous de nous y préparer.
A travers la diversité de vos métiers, tous rassemblés dans ce même effort de sauvegarde des populations, vous avez fait honneur à notre pays, toujours prompts à apporter ces moyens de secours sur le territoire national comme à l'autre bout du monde.
Votre mobilisation a été à la hauteur des défis à relever.
Chacun de vous, ici présents, avez fait honneur à votre corps, honneur au ministère de l'intérieur, honneur à la République Française. Les médias s'en sont largement fait l'écho comme les élus et la population. En mon nom, au nom du Président de la République et de la Nation tout entière, je vous en remercie.